mardi 4 novembre 2008

Chair, bois, pierre

Le récit donc, plus "aisément" compréhensible, à première vue seulement. Tous sont des récits obliques, comme le suggère le récit 21 (visage du photographe absent de la photo, laissant la place libre pour une figure simiesque, végétale, au regard dédaigneux, qui fixe loin là-bas à droite ; puis le plan oblique maritime aérien, en chute dans le bleu de la mer, orthographiez ce dernier mot comme bon vous semblera).

Ce qui ne se désigne pas comme autoportrait l'est aussi, tel le récit 62 : hiératique et en action, endroit (ou envers) du visage simiesque, écho du récit 33. Le photographe est un singe, l'acte de photographier est une singerie (l'obstination fait rire, le sujet se dérobe, tourne le dos, méprise l'oeil rapace).

Hiératique et en action, donc : "statue vivante" du vingt-septième récit - c'est inquiétant, ça, qu'est-ce donc qu'il y a à voir ? Qu'est-ce donc qui est raconté ? La statue ne vit pas, c'est bien connu. Mais que s'y colle le visage du photographe, et l'on s'y brouille. La mort pétrée aurait donc gagné ? Le minéral (bien reposant, c'est vrai, bien reposant) comme mètre. Ou plutôt, comme un état intermédiaire -ou, si l'on préfère, cet état troublant qui obéit au principe d'incertitude quantique. Il est là et absent, en action et figé, quelque part entre le haut et le bas, les deux termes d'un éboulement. En chute. Dérobé. Car le spectateur peut bien chercher, il ne trouvera pas l’artiste ; peut-être des leurres, des masques, des clowns (en plastique, au nombre de trois), autant de fausses pistes, inquiétantes comme l’accouplement du visage de chair et du visage de pierre, l’un étant normalement le modèle de l’autre, mais je crois bien que le photographe veut dire le contraire.

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