dimanche 21 juin 2009

Détournement (1)

Haine ("Haine de la photographie"), poison ("Fumer, photographier, c'est vouloir l’Être. C'est s'empoisonner.") ou "danger permanent" (trois récits : 1, 2 et 3) : la photographie dans Anoche... est toujours une situation d'urgence et, comme telle, requiert du photographe qu'il y échappe, fût-ce temporairement. Une manière de paix dans les brisements. J'essaie de comprendre comment il s'y prend pour faire avec la photographie et l'écriture.

Ces "Récits", donc, tissent mots et images, ce qui en soi est un premier détournement. Car du récit au sens de texte narratif, il y en a bien peu : les légendes des photographies proposent des amorces, des embrayeurs d'imaginaire ("Je vais mal quand je photographie un balai."). A nous d'emboîter le pas, ou non. Le récit textuel est donc détourné au profit d'un autre, le "récit photographique", mise en séquence de photographies et de textes, ce qui complexifie - et enrichit d'autant - le dispositif. Car la circulation des sens s'opère non seulement entre les mots, mais aussi entre ces mots et les photographies. "Le Lézard et l'oiseau" annonce une fable que je ne lirai pas, dont les protagonistes sont en place, prêts à me jouer un bon tour. Texte et image ne sont pas ici mis en concurrence, leur charge culturelle (le titre évoque la Fontaine, une certaine morale du Grand siècle, etc. ; la photographie renvoie à une certaine pratique culturelle, la plongée et le cadrage à un certain regard, etc.) s'additionne dans un au-delà du mot et de l'image qui finit sa course chez nous, lecteur-spectateur.

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